top of page

Adapter les modèles d’affaires : résilience et collaboration

CAPAS partage ses réflexions et ses expériences liées à son tout nouveau modèle sous forme de label.


Il faut maintenant le reconnaître : 2019 ne reviendra jamais. Malgré les efforts pour reconstruire l’avant-pandémie, la société s’est irrémédiablement transformée. Le confinement forcé a rendu les populations plus casanières, les crises énergétiques et économiques ont affecté nos manières de nous déplacer et de consommer, les guerres et l’extrémisme ont modifié notre regard sur l’autre, et l’essor de l’intelligence artificielle réforme à toute vitesse nos manières d'interagir, de créer, voire de réfléchir.


Quatre ans plus tard, le milieu de la danse québécois a certes retrouvé sa place dans l’échiquier culturel local et mondial, mais contemple cette reprise comme un château de cartes en pleine tempête. Devant les défis qui attendent notre secteur, la survie et la pertinence des organisations artistiques dépendent d’une révolution en profondeur de leurs modèles d’affaires pour faire de ces bateaux difficiles à virer de galopants voiliers agiles et proactifs qui sauront naviguer en eaux de plus en plus troubles.



LABEL, SYNONYME DE RÉSILIENCE

C’est dans cet esprit que l’Agence Mickaël Spinnhirny est devenu CAPAS • Label de danse. Plus qu’une simple refonte de l’image de marque – quoiqu’elle était plus que nécessaire pour trouver une identité que reflète l’entièreté de l’équipe talentueuse qui nous compose –, ce nouveau nom marque un virage assumé vers une structure plus flexible qui ne repose que sur un seul point : faire rayonner de manière pérenne l’excellence de la danse. C’est ainsi que l’organisme a multiplié ses champs d’expertises non pas pour s’éparpiller, mais pour créer des projets complémentaires aux services qu’elle offre :

  • produire des spectacles pour mettre en valeur ses artistes et défricher le terrain pour la danse auprès des publics;

  • accompagner les programmateurs dans la mise en place de tournées internationales pour faire voyager l’art et les imaginaires tout en amenant l’excellence d’ailleurs à dialoguer avec celle d’ici;

  • soutenir les initiatives structurantes pour renforcer le secteur en lui prêtant notre expertise en marketing et en coordination;

  • offrir des formations en intelligence artificielle pour aider à ce que le milieu de la danse reste compétitif face aux autres marchés;

  • prêter nos ressources administratives, logistiques, rédactionnelles et communicationnelles aux organismes pour qu’elles se concentrent à la réussite de leur mission principale : créer ou diffuser;

  • présenter des conférences sur la danse pour éduquer les audiences;

  • développer des outils de médiation culturelle pour ancrer la démarche de nos artistes dans les communautés qu’ils et elles visitent;

et tout ceci tout en poursuivant nos missions de représentation d’artistes québécois à l’international, afin d’installer de manière pérenne nos talents chorégraphiques sur d’anciens et de nouveaux territoires. Ainsi, toutes les actions de CAPAS s’inscrivent dans un cycle où représentation, développement des marchés, éducation citoyenne, mutualisation des savoirs, collaboration et émulation tournent afin de faire progresser la danse comme un tout. Et le moyeu de cette roue, l’ancrage au cœur de CAPAS qui lui permet d’être aussi souple et solide, déterminé et polyforme : la résilience.


La résilience nécessaire aujourd’hui n’a rien d’une latence : elle appelle à l’action, à transformer la tradition organisationnelle où la cristallisation des méthodes est synonyme de longévité pour plutôt faire place à une innovation sans cesse renouvelée, qui prend racine dans la connaissance approfondie d’un secteur, d’un sujet ou d’une démarche. L’invitation que nous faisons aujourd’hui est tournée à contre-courant de l’hyperspécialisation qui a cimenté les compagnies et institutions culturelles dans les années 2010 : l’heure est à la polyvalence, misant sur la remise en question récurrente de nos manières de structurer nos projets pour les adapter aux enjeux et contraintes actuelles; misant sur un regard toujours actualisé sur les besoins des programmateurs, la vision des artistes et les envies des publics; misant sur le dynamisme de nos équipes, leurs intérêts et leurs passions envers la discipline.


THÉORIES ET PRATIQUES DE L’ÉVOLUTION CULTURELLE

Afin d’effectuer sa transition organisationnelle, CAPAS a accepté de transformer sa structure en laboratoire, où chaque projet était une opportunité d’essayer, de se tromper, d’apprendre et de se solidifier pour aspirer à atteindre cet équilibre précaire entre expérience et agilité. Au travers de ses expérimentations – toujours en cours –, CAPAS a su identifier deux stratégies concrètes qui lui ont permis de transformer son modèle d’affaires de manière efficace, ouverte et pérenne.


Embrasser les nouvelles technologies

S'immisçant autant dans nos vies personnelles que professionnelles, l’intelligence artificielle propose de nouvelles manières d’aborder le travail artistique. Ses possibilités d’automatisation, d’efficacité et de créativité sont des mines de ressources qui ne demandent qu’à être intégrées aux processus administratifs, communicationnels et logistiques des organismes culturels. En réponse à la peur d’être remplacé par ces machines ou de les voir répandre du matériel erroné, il faut embrasser le début du changement de paradigme dans le travail de gestion. Plutôt que producteur exclusif de contenu, le professionnel devient surtout cet œil réviseur aiguisé qui juge et adapte la matière générée automatiquement pour qu’il fasse sens et atteigne son objectif. Plutôt que de se battre contre l’innovation, il importe de la comprendre pour l’intégrer intelligemment aux processus pour se décharger des tâches redondantes ou énergivores afin de faire plus de temps pour l’humain et l’art.






Renforcer les partenariats stratégiques

Pour adapter la forme de son organisme, il faut s’assurer qu’elle épouse les contours du secteur dans lequel il s’inscrit, et surtout des acteurs qui composent ce secteur. En identifiant les collaborateurs qui ont les mêmes valeurs que nous, nous pouvons aspirer à faire progresser nos visions complémentaires d’un même geste. Ainsi, CAPAS s’est notamment rapproché des programmateurs en leur offrant de nouveaux services, puisqu’ils occupent un rôle clé dans la démocratisation, l’accessibilité et la pérennisation de la danse sur le territoire. Les outiller pour présenter la danse qui les anime devient une manière d’ouvrir davantage de canaux entre les différents acteurs du milieu de la danse pour que chacun tende davantage l’oreille à ce dont l’autre a besoin.



Les défis présents ne sont que peut-être que l’ombre de ceux à venir, c’est pourquoi il devient nécessaire de trouver sa propre résilience dès maintenant. Car nous n’avons pas la prétention de pouvoir répandre la panacée, ou encore que notre nouveau modèle d’affaires est sans failles. D’autant plus qu’il rebrasse les cartes de la production, de la diffusion et de la mobilité.


Mais nous souhaitons surtout montrer que le rayonnement de la danse québécoise peut prendre plusieurs formes, tentaculaire dans un monde où les portes s’ouvrent et se referment alors qu’on est encore en train d’y passer le bras. Ce qu’il faut, c’est se montrer ouvert autant au progrès qu’aux autres, et savoir écouter les préoccupations de chacun pour poser des gestes qui résolvent plusieurs problèmes connexes en connaissant l’entièreté du terrain de jeu. Peu importe la manière, il faut se montrer agile en toutes circonstances. Voici notre proposition, qui peut inspirer ou renfrogner. Mais surtout : quelle sera la vôtre ?

bottom of page